Le village de PHOUVIENG se situe dans le district de XAY, dans la province d’OUDOMXAY, au Nord du pays. La ville la plus proche de PHOUVIENG est XAY à une distance de 97 km à vol d’oiseau, soit à 130 km par les pistes. Le village de PHOUVIENG est accessible par la route en moto comme en voiture ou petit camion.
Les habitants peuvent difficilement se rendre à l’hôpital de district d’OUDOMXAY en cas d’urgence, et ce quelle que soit la saison : soit la piste est impraticable en saison des pluies, soit il faut compter plus de quatre heures de moto pour rejoindre l’hôpital.
Le village de PHOUVIENG est un village Khmu de 378 habitants qui a été déplacé à son emplacement actuel en 2020 du fait de fortes inondations. Le village a obtenu l’électricité via le réseau national EDL en novembre 2023 uniquement et n’avait avant ce chantier pas d’accès à l’eau courante et propre. Pour se fournir en eau, les habitants sont obligés d’aller collecter l’eau à la rivière à l’aide de seaux qu’ils remplissent et transportent quotidiennement. La rivière est à 300 mètres et 15 mètres de dénivelé du village. Pour une famille, les besoins en eau sont aux alentours de 45 litres par jour et par personne. Les habitants sont ainsi obligés de se rendre plusieurs fois par jour à la rivière afin de collecter toute l’eau qui leur est nécessaire.
Si cette source est bien pourvue en saison des pluies, elle finit par n’être qu’un ruissellement au moment de la saison sèche. Le débit de l’eau devient alors insuffisant pour pourvoir aux besoins du village. Les habitants sont alors obligés de chercher l’eau à une source bien plus lointaine pour assurer leur besoin en eau.
Objectif
L’objectif de ce projet est le suivant : améliorer la santé et l’hygiène de vie des habitants de PHOUVIENG par l’accès facilité à des points de distribution d’eau propre pour les près de 400 bénéficiaires directs.
Description ouvrage
Pour servir cet objectif, un captage a été aménagé au moyen d’un barrage au travers de la rivière à 4,5 km du village et 30 m de dénivelé, au plus proche du point d’émergence de l’eau dans la montagne. Ce barrage permet l’accumulation de l’eau qui circule ensuite au travers d’un réservoir constitué de 3 filtres à base de cailloux et de sable. Le réservoir dispose d’un déversoir à boue qui permet la vidange des matières filtrées, ce qui, effectué à une fréquence mensuelle, assure le bon fonctionnement du réseau d’eau.
Après ce premier filtrage, l’eau propre venant de la montagne est acheminée dans des canalisations. Des évacuations ponctuelles sont aménagées sur le trajet de l’eau dans les canalisations afin de contrôler son débit et donc la pression appliquée sur les conduites, tout cela pour assurer une meilleure tenue des tuyaux dans le temps.
Un ouvrage a été construit afin de permettre la traversée aérienne de la rivière aux canalisations. Cet ouvrage est constitué de piliers et de câbles tendus au-dessus du cours d’eau servant de support aux tuyaux.
Ces derniers continuent d’acheminer l’eau jusqu’à un réservoir de 30m3 en surplomb du village. Le réservoir est dimensionné en prévision de l’accroissement démographique du village et assure ainsi largement le stockage nécessaire pour la fourniture de 45 L/jour/personne comme recommandés par l’OMS.
10 bornes fontaines ont enfin été construites dans le village de sorte à assurer un accès équitable pour toutes et tous et 1 borne au niveau de l’école primaire pour le personnel enseignant et les enfants. Au village, la maison la plus éloignée d’une borne fontaine en est distante de 60 m. Des compteurs sont associés à chaque borne fontaine. La consommation à chaque borne sera divisée en fonction du nombre d’habitants par foyer et l’argent collecté servira à constituer une cagnotte dédiée à la maintenance et aux réparations du réseau d’adduction d’eau. Le coût de l’eau est établi entre le chef de village et les techniciens du Nam Saat1 à 2000 kips/m3 d’eau consommé. Ce montant a été choisi car le chef de village sait chaque famille capable de verser un tel montant sans difficulté. Le premier mois servira de test. Avec l’aperçu des quantités d’eau consommées sur ce mois, le prix de l’eau pourra être réajusté par le comité de gestion et le chef de village.
Les conditions de ce chantier sont particulièrement exigeantes physiquement du fait de la distance et du dénivelé reliant la source au village et de l’accessibilité possible à pied uniquement de la source. Différentes stratégies ont été mises en œuvre afin de préserver au mieux la santé physique des habitant.e.s impliqués dans le chantier : séparer en deux les sachets de ciment de 50 kg, porter à plusieurs à l’aide de bambous les rouleaux de tuyaux, acheminer les matériaux lourds et volumineux avec le véhicule de l’association lorsque l’équipe est sur place…
Maintenance
Comme nous le faisons désormais systématiquement, nous avons accompagné la création d’un comité de gestion de l’eau au village de Phouvieng. La responsabilité de ce comité est multiple : assurer l’entretien du réseau et de son environnement, collecter l’argent pour cet entretien, s’assurer du respect des règles et de l’infrastructure par toutes et tous, être l’interlocuteur direct du Nam Saat pour tous les sujets liés à l’eau et l’assainissement. Les membres du comité ont suivi une journée de formation à la préservation, l’entretien et la maintenance du réseau d’adduction d’eau dispensé par M. Kham Sao, technicien représentant du Nam Saat.
L’objet de cette formation était de donner les clés à chacun des membres du comité pour assurer leur rôle au mieux. Des manuels avec les pièces utilisées, les bonnes pratiques, les points d’attention, les fiches à remplir pour collecter la “taxe” sur l’eau, pour les dérogations ainsi que les demandes de raccordement jusqu’à son domicile, etc. leur ont été délivrés à cette occasion.
Sensibilisation
Les accompagnements sont faits par Peuples et Montagnes du Mékong, notamment grâce au soutien du médecin hygiéniste Jean-François BOURET. Du 3 au 7 octobre 2022, le Dr Jean François BOURET a délivré une formation à l’hygiène médical dans le district de HOUN dans la province d’OUDOMXAY. Mr Loei Atjampa, infirmier de Phouvieng, a participé à cette formation d’une semaine sur les principes de l’examen clinique, l’hygiène des mains, l’hépatite virale, les diarrhées infectieuses et l’hygiène de l’eau. L’objectif est donc que cet infirmier soit un ambassadeur d’hygiène au sein du dispensaire et auprès de la population.
La sensibilisation à la préservation de la ressource en eau auprès des habitants s’est faite notamment par la mise en place de bornes fontaines collectives, à la vue de tous, et d’un “prix de l’eau” incitant à être attentif à sa consommation d’eau.
Résultats
R1 Des accès à des points d’eau améliorés et fonctionnels tout au long de l’année.
Les points d’eau améliorés sont installés au village et à l’école au nombre de 11. Le réseau d’adduction d’eau est propre et fonctionnel. Aujourd’hui et d’après l’évaluation réalisée et le procès-verbal des travaux, PEMM affirme que le premier résultat est atteint : les habitants du village de PHOUVIENG bénéficient de l’eau en continue d’après les critères de l’OMS à savoir un débit mesuré à la livraison de 30 m3/min à chaque robinet du réseau, minimum.
La maison la plus éloignée d’un point d’eau en est aujourd’hui à 60 m et environ une minute de marche. Pour comparaison, la maison la plus éloignée de l’accès à la rivière était à 1,5 km et environ 30 minutes de marche. L’accessibilité à l’eau est améliorée de façon très marquée et la pénibilité de cette tâche désormais inexistante.
R2 Réduction du nombre de maladies liées à la consommation d’une eau contaminée.
La formation suivie par l’infirmier de l’équipe de santé du dispensaire s’est déroulée avant l’installation de l’eau dans le village et l’accès direct au centre. Pour cette raison et malgré la sensibilisation qui a pu être faite, il est impossible d’étudier une amélioration sur les statistiques du centre de santé. Cependant, les conditions sont réunies (structurelles et humaines) pour que le nombre de cas de maladies hydriques diminue dans la population. L’installation de clôtures en bambous et de planches empêchant l’accès des animaux aux points d’eau est particulièrement importante à souligner. Les habitants ont ainsi conscience du risque représenté par une eau contaminée par des déjections animales.
R3 Amélioration des pratiques sanitaires et de la santé pour l’ensemble du village.
Lors de notre dernier déplacement, les robinets venaient à peine d’être connectés à l’eau que chaque fontaine était occupée pour la douche, le lavage du linge et de la vaisselle et le brossage de dents. A cette petite échelle de temps, l’évolution des pratiques d’hygiène a été extrêmement visible. L’accessibilité ainsi offerte a eu un impact immédiat sur le rythme du quotidien des habitants de tout genre, âge et occupation. Toutes les pratiques d’hygiène peuvent ainsi être faites plus souvent, plus confortablement et sans avoir à parcourir les 1,5 km de piste pour rentrer au village. L’inaccessibilité aux animaux (cochons, canards, poules, chiens, chèvres) des fontaines est aussi un pas en avant dans les pratiques sanitaires du village.
Résultat non attendu dans les pratiques d’hygiène immédiatement après la fin des travaux : l’apport de l’eau dans le village a fait aux habitants construire des latrines individuelles. La céramique nécessaire pour leur construction avait été distribuée par le bureau de la santé du district, mais sans eau, la construction des sanitaires n’avait pas de sens.
R4 Renforcement du rôle des femmes dans les prises de décision.
Notre vie au village pendant 2 semaines a souligné la faible place que tiennent encore les femmes dans les rôles et sphères de décision de Phouvieng. Ce travail de prise d’importance des femmes à ces postes ne fait que commencer mais une femme, Madame Nang Chane, a été nommée comptable au sein du comité de gestion.
Nous remercions chaleureusement le soutien du Fonds Eau de Lyon dans la réalisation de ce projet, partenaire financier de confiance de l’association.
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Dates de réalisation | du : 01/12/2023 au : 19/01/2024 |
Source de financement | Fonds Eau de Lyon |
Montant du financement | 35000 |
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